Le regard de Mathieu Schneider, Vice-président Culture, sciences en société
Quels sont les grands axes développés grâce à l’IdEx ?
Tandis que l’université doit répondre à trois missions, produire du savoir, le transmettre et le diffuser, le levier Université & Cité de l’IdEx soutient le développement de cette dernière mission ; il est sous-tendu par trois axes politiques.
Premier axe, nous menons des actions innovantes qui favorisent la diffusion et la circulation des savoirs allant de l’université vers la société, la Cité étant donc à entendre au sens large de « territoire ». L’activité de la Maison pour la Science en Alsace qui forme des enseignants du primaire et du secondaire en les rapprochant du monde scientifique, autour de sujets des sciences et techniques d’actualité, en est un bon exemple, tout comme celle du Jardin des sciences qui œuvre à la diffusion des savoirs scientifique auprès d’un public de 7 à 77 ans, réparti entre Wissembourg et Sélestat.
Mais partager ces savoirs, c’est aussi les co-construire, en soutenant des projets qui tissent des partenariats entre le monde de la recherche, donc la production de savoirs académiques, et le milieu associatif. C’est le travail que nous essayons de mener, en articulation avec la politique de la ville, sur la question de la décohabitation ou de l’accès aux services publics dans les quartiers difficiles. Au-delà de ces exemples, nous souhaitons développer nos partenariats avec les acteurs de la société civile et soutenir les sciences participatives, pour faire de notre région un véritable territoire apprenant. L’université n’en est pas le seul acteur, mais en tant que lieu de production du savoir, elle en est la colonne vertébrale.
Le deuxième axe est celui de la responsabilité sociétale de l’université. Nous amenons des étudiants à décrocher des diplômes, mais nous formons aussi des citoyens, ce qui veut dire que nous devons responsabiliser les étudiants vis-à-vis du rôle que collectivement nous avons à jouer pour améliorer notre société. Pour ce faire, nous valorisons des initiatives étudiantes et l’engagement étudiant en finançant des actions visibles dans la vie universitaire. Mais nous intervenons aussi, dans le cadre de nos missions, sur des sujets actuels qui nous concernent, comme par exemple la question des réfugiés. En tant que service public, l’université doit aussi prendre en compte les besoins et attentes de cette population. Nous avons déjà mis en place un dispositif de soutien des étudiants réfugiés. En 2018, une partie des crédits IdEx de la recherche et du levier Université & Cité sera ainsi réservée à l’accueil des chercheurs réfugiés, dès lors que leur sujet de recherche est en phase avec les objectifs scientifiques de l’unité qui les accueille.
Enfin, le troisième axe du levier Université & Cité vise à améliorer la qualité de vie sur le campus, c’est-à-dire offrir aux étudiants et aux personnels des campus agréables, attractifs, qui contribuent au bien-être commun. Pour dynamiser et valoriser cette vie universitaire, nous soutenons les projets innovants des associations étudiantes à travers le programme « Creative thinkers » et nous finançons des actions dans le domaine du sport et de la santé.
Le levier fonctionne sur deux types d’appel à projet : l’un dit « fermé » est réservé aux initiatives des services qui ont des initiatives de nature à s’inscrire dans l’un des trois axes ; l’autre dit « ouvert » s’adresse à toute la communauté universitaire.
Dans la première catégorie, on a soutenu le lancement du Dictionnaire culturel de Strasbourg aux Presses Universitaires de Strasbourg, un ouvrage très complexe en termes de conception et qui a vocation à souligner le rôle de l’université dans le développement culturel de Strasbourg. Un autre exemple : Oscahr qui signifie "Osons les sciences dans la culture, les arts et l'histoire", qui est une nouvelle plate-forme collaborative développée par le Jardin des sciences grâce au soutien des Investissements d’avenir. Cet outil de médiation numérique valorise le patrimoine universitaire et connecte le grand public avec le monde de la recherche menée aujourd'hui à Strasbourg ; la plate-forme aborde avec les citoyens et les chercheurs des thématiques de société pour porter un regard renouvelé sur les savoirs.
Le second type d’appels à projets a permis de soutenir de nombreuses initiatives dans différents domaines : débats citoyens, expositions, réalisation de documentaires, résidences d’écrivains européens, festivals,…
Quelle continuité et quelles perspectives pour l’année 2018 ?
Autour des trois axes, le levier s’est fixé sept objectifs : faire de l’Université de Strasbourg un acteur majeur de la diffusion du savoir en Alsace ; valoriser le patrimoine universitaire et les collections dans le but d’en faire des outils adaptés aux techniques modernes de la diffusion du savoir ; encourager la créativité par l’invitation régulière d’artistes et d’intellectuels en lien avec la formation et la recherche ; s’affirmer comme établissement socialement responsable, renforcer le sentiment d’appartenance des étudiants et des personnels à une communauté de valeurs ; améliorer la qualité de vie sur le campus, particulièrement celle des étudiants ; et enfin, soutenir la vie associative étudiante et son rayonnement local et international.
Concrètement, nous avons de gros projets en cours. Il est impossible de tous les citer, mais les plus singuliers sont la création des « Archives ouvertes des Sciences de la Terre » qui consiste à présenter en ligne, après les avoir inventoriées, nos collections muséales universitaires en minéralogie et pétrographie. Celles-ci s’avérant très précieuses mais assez confidentielles, cet open access permettra de rendre la recherche en Sciences de la Terre à l’Université de Strasbourg plus visible sur le plan national et international et favorisera les échanges avec d’autres chercheurs pour développer de nouveaux axes de recherches comparatives sur des données existantes.
Des résidences d’artiste sont également prévues cette année, comme celle du collectif PETROL, partagée entre les trois université du Grand Est. Dans le domaine culturel, on notera aussi l’exposition complétée par un cycle de conférences autour de l’opéra « Le Pavillon d’or » d’après Yukio Mishima dont l’adaptation a été retenue par l’Opéra national du Rhin pour son premier festival Arsmondo au printemps 2018.
Comment l’IdEx a-t-elle permis à l’Université de Strasbourg de se positionner comme un acteur culturel incontournable à l’échelle régionale ?
L’IdEx nous a apporté son soutien pour de grands projets structurants et nous a ainsi permis de renforcer des partenariats déjà existants, de démontrer que nous étions en capacité de faire nous-même et de mener collégialement des projets d’envergure, de conforter la place de l’université dans le réseau des grands acteurs culturels de Strasbourg et de la région.
Si l’on prend l’exemple de l’exposition « Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930 » qui met en lumière la richesse de la vie artistique et intellectuelle de la ville entre la fin du XIXème siècle et le début des années 30, l’Université de Strasbourg a prouvé sa capacité à concevoir et réaliser une exposition de grande ampleur avec les musées de la ville de Strasbourg.
Notre crédibilité aux yeux des acteurs culturels à l’échelle régionale s’en trouve très largement augmentée. Les nombreuses actions menées via le levier Université & Cité de l’IdEx ont un impact qualitatif ; elles contribuent au développement de notre notoriété, de notre image, de notre crédibilité, de notre capacité à agir, autant de composantes extrêmement importantes venant renforcer l’identité de notre université.
Cette culture de l’excellence en 3 mots ?
Ouverture - Inclusion – Audace
Quel credo ?
Je crois avant tout dans les femmes et les hommes qui font notre université et qui ont toutes et tous une capacité d’invention, de création, l’envie de partager des savoirs et celle de faire des choses pour les autres et pour la communauté.
Je pense que l’IdEx est l’occasion pour eux de réaliser leurs projets. D’ailleurs, les résultats sont là : les appels à projet mobilisent toujours plus la communauté universitaire, au point que nous n’arrivons plus à financer tous les projets intéressants et que nous devons apprendre à prioriser (ce qui est une bonne chose) les réponses.
Mon ambition est de valoriser toutes ces initiatives émanant des étudiants, des personnels administratifs, des enseignants et des chercheurs, parce qu’elles constituent le socle à partir duquel on arrivera à définir l’excellence selon les termes précédemment cités : ouverture, inclusion, audace.
Une devise ?
Une université engagée, solidaire et responsable
Propos recueillis par Alice Ullmann