24 janvier 2017 : cérémonie des vœux

Discours du président de l'Université de Strasbourg prononcé le 24 janvier 2017 lors de la cérémonie des vœux.

Seul le prononcé fait foi.


Adresser des vœux, c’est souhaiter un avenir commun à chacun ; c’est conjurer ensemble les peurs ; c’est relancer des espérances.

 

Bienvenue à tous dans cette aula, dans ce palais, symbole réel de la maison commune, de l’alma mater qui nous réunit tous, au-delà de nos différences.

Au seuil de 2017 je veux vous souhaiter à tous une belle et riche année ! « Rien de grand ne se fait sans passion » disait Saint Exupéry. Je prétends que rien de durable ne se fait sans confiance. Parce que nous avons mission de former des étudiant.e.s, de leur transmettre savoirs et compétences, goût de la recherche et sens critique, c’est en eux que nous devons d’abord inoculer le bon virus de la confiance. Je sais trop les peurs qui parfois les hantent : une mondialisation qui inquiète les identités, une planète de plus en plus malade, une compétition anxiogène, y compris entre universités, et un manque de perspectives professionnelles, et j’en passe. Et que dire d’une évolution inquiétante de leur santé ? Je leur dis malgré tout d’avoir confiance en l’avenir. En leur demandant de nous faire confiance, je demande certainement beaucoup aux étudiant.e.s. Mais c’est la condition inaugurale d’une relation d’enseignement. Bien entendu cette confiance, les enseignants-chercheurs doivent aussi l’avoir dans les étudiant.e.s.

La confiance est aussi indispensable dans les relations entre enseignants chercheurs : nous nous aigrissons dans cette culture de la méfiance, nous nous usons dans l’esprit de suspicion, trop souvent à l’œuvre. La confiance c’est aussi refuser l’instrumentalisation des peurs. Partout dans le monde on construit des murs, à Gaza et à la frontière mexicaine, beaucoup déjà ont la truelle à la main et le barbelé dans leurs cœurs pour se protéger de l’autre. Notre mission, notre militance, ici, c’est de continuer, malgré l’air du temps, à construire des ponts. Le tram franchira, ce printemps le pont de Kehl. Nous n’avons pas peur de la rencontre.

Strasbourg n’est pas la capitale des douleurs : elle est pour beaucoup, et souvent, quand même, une cité de la joie. Avec l’Eurométropole et la ville de Strasbourg, nous avons partie liée pour donner confiance à ces générations d’étudiant.e.s qui viennent à nous ; et si ils et elles sont de lus en plus nombreux, n’est-ce pas parce qu’ils nous font confiance ? Avec l’Eurométropole, la ville, le département, la région, nous vivons une relation de confiance pour les chantiers ; et quand il y a un accident de parcours, comme pour le paps-pcpi, nous serrons les coudes.

La peur identitaire a aussi gagné les Alsaciens lors de la création de la région Grand Est. Notre collègue G. Bischof l’a démontré : l’Alsace est alsacienne quel que soit l’entité dans laquelle elle se déploie. Et nous savons bien que l’Alsace reste le plus bel endroit du Grand Est. Avec la région construisons l’espace de la formation et de la recherche.

Au seuil d’une nouvelle année, c’est aussi un nouveau président, une nouvelle équipe de présidence, élue par un congrès, lui aussi, nouveau. Avec cette équipe de vice président.e.s, je souhaite agir pour le bien de notre université. Le congrès leur a accordé sa confiance, il faut maintenant la faire vivre.

Cette équipe veut être engagée, volontaire, disponible et réactive. Il s’agira pour nous d’orienter les axes déterminants à emprunter, de valoriser toutes les actions prises à l’échelle de l’établissement ou des entités, de mieux communiquer les uns avec les autres, les uns au bénéfice des autres, ce qui implique d’écouter. Mais aussi de décider et d’agir.

Pour être efficace, j’entends piloter avec l’appui et les compétences de la direction générale des services pour mettre en mouvement les services de l’université, accompagner chacun dans l’étude de solutions, la prise de décisions ou le respect des orientations. Notre mission collective et partagée sera d’assurer coût que coût la transversalité.

Notre équipe va se mettre en place rapidement, mais elle est d’ores et déjà au travail et chacun dans son secteur a des objectifs précis pour que notre université continue de relever les défis d’une formation de très grande qualité, en poursuivant le chemin des innovations pédagogiques et des transformations numériques, et parce qu’adossée à une recherche de rang internationale, qui voit renforcer la place du Big data partout.
Je ne vais pas énumérer aujourd’hui tous les projets qui sont devant nous. Certains sont déjà connus, comme le développement de l’IdEx, pour lequel nous avons désormais acquis l’autonomie de décisions et de gestion, ou l’opération campus qui verra cette année plusieurs chantiers impactés notre vie quotidienne, avec la poursuite de la construction de l’Insectarium, l’extension de l’Isis, ou la démolition de la bibliothèque Blaise Pascal qui laissera dès 2019 la place à cet équipement magnifique que sera le Studium.

L’année 2017 est néanmoins une année déterminante pour les 4 ans à venir. C’est en effet l’année du renouvellement du contrat quinquennal, avec nos partenaires du contrat de site (les citer) et le dépôt de notre nouvelle offre de formation 2018-2022. Deux chantiers structurants pour les 4 années à venir. En recherche, nous voulons plus que jamais faire émerger l’interdiciplinarité, nécessaire à la production de nouveaux savoirs et à de nouvelles découvertes, capter de nouveaux chercheurs venus du monde entier, parce qu’à Strasbourg existent les infrastructures pour les accueillir et leur permettre de travailler. En effet, nous ne comptons pas nous arrêter à 4 Nobel en activité ! les Nobel de demain se préparent aujourd’hui.

Nous avons besoin de diversifier nos relations avec nos partenaires institutionnels et socio-économiques, pour mieux faire partager les atouts de notre université, mettre en relations les acteurs du territoire avec les acteurs de la formation et de la recherche (portail des entreprises), permettre de faire comprendre les richesses qui la composent et dont le territoire et la société peuvent bénéficier. Nous voulons ouvrir les portes de l’université pour que les entreprises nous connaissent mieux. Cela passe aussi par une meilleure diffusion des connaissances et des activités de nos laboratoires.

Lors du congrès j’ai souhaité que nous avancions dans ce que j’ai désigné, sans, j’espère, me payer de mots comme une « éthique du management » Je l’entends dans le sens que Paul Ricoeur, qui a enseigné dans cette université, définit l’éthique, à savoir la « visée de la vie bonne, avec les autres et pour les autres, dans des institutions justes ». Travaillons tous au service de cette institution universitaire que nous voulons juste, incarnant la devise de notre république. En vous disant bonne année 2017 je vous dis : ayons confiance les uns dans les autres, alors 2017 ne sera pas pareille aux autres années.

Michel Deneken

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