13/07/17
La décision révélée dimanche 9 juillet par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation la science et la culture (Unesco) étend l’aire de classement de Strasbourg de la Grande-île (1988) à la Neustadt. Cette nouvelle ville est l’extension urbaine planifiée et construite à partir de la fin du 19e siècle, durant la période du rattachement de l’Alsace à l’Allemagne.
Avec la Neustadt, ce sont également le Palais universitaire et le campus historique de l’Université de Strasbourg qui entrent au classement mondial de l’Unesco. Dans un message à l’ensemble de la communauté universitaire mardi 11 juillet, Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg indique « Ce classement au patrimoine mondial est un motif de grande fierté pour toute la communauté universitaire. Toutefois, le Campus historique de l’université, avec son emblématique palais universitaire ne devient pas un musée pour autant ; il abrite le patrimoine immatériel de l’intelligence. Ses pépites ont pour nom étudiants, enseignants, chercheurs, ingénieurs, techniciens et administratifs, qu’ils soient de l’université, du CNRS ou de l’Inserm. Il est inscrit dans une histoire et dans un mouvement qui, au cœur de l’Europe, affirme les valeurs d’une science sans frontières, d’un savoir au service de la société, d’une culture aussi germanique que française. » en notant aussi que « Les bâtiments du campus historique de la Neustadt, qui ont aussi connu des heures sombres, illustrent le lien indissociable entre recherche et formation, modèle dans lequel nous continuons de nous inscrire, assumant l’héritage germanique, rhénan et latin de notre université (…) Le terme allemand retenu pour désigner cette partie de Strasbourg désormais marquée du sceau de l’Unesco est celui de « Neustadt », ce qui signifie ville nouvelle. Ainsi l’université : quel que soit l’âge de ses bâtiments, elle est, dans le renouvellement des générations d’enseignants et d’étudiants, toujours nouvelle. »
Les bâtiments de l’Université de Strasbourg classés au Patrimoine mondial de l’Unesco
Le classement au patrimoine mondial de l’Unesco de la Neustadt labellise également 7 bâtiments du campus historique de l’Université de Strasbourg.
Conçu par l’architecte Otto Warth de 1879 à 1884.
Sa structure, dont le style et le décor sont inspirés par la Renaissance italienne, s’inscrit dans la filiation des grands édifices d’enseignement de l’aire germanique, tels la Technische Hochschule de Berlin : le plan symétrique en T inversé fait la part belle aux espaces de circulation en particulier la cour couverte - l’Aula - qui, par sa monumentalité, constitue le dispositif le plus marquant au cœur de l’édifice. Le décor extérieur fait référence au savoir mais aussi au prestige de l’Allemagne, à l’image des statues des savants sur les pavillons d’angle.
Initialement dénommé bâtiment collégial, le Palais universitaire constituait le pôle majeur de la nouvelle université impériale. Il était destiné à abriter les services administratifs ainsi que les mathématiques, la philosophie, la théologie protestante, l’archéologie, l’histoire et l’histoire de l’art.
Premier chantier de l’Université impériale, l’Observatoire a été conçu par l’architecte Hermann Eggert de 1877 à 1881 en concertation étroite avec les scientifiques pour imaginer des bâtiments répondant au mieux aux besoins fonctionnels de chaque discipline. Rompant avec la conception traditionnelle d’un bâtiment unique pour l’ensemble des activités, la disposition originale de l’Observatoire de Strasbourg s’inspire de l’observatoire russe de Poulkovo. Il s’articule autour de trois bâtiments distincts – la grande coupole, le bâtiment méridien et la maison du directeur – séparant ainsi les espaces d’observation de ceux de vie et de services. Derrière les élégantes façades de style néo-Renaissance, tout a été conçu pour garantir la stabilité des observations, du système de fondation à celui des ouvertures des coupoles en passant par la structure des piliers des instruments.
L’Institut et jardin botanique
L’Institut et le jardin de botanique ont été conçu par Hermann Eggert de 1878 à 1882.
À la fin du XIXe siècle, un grand nombre de plantes, diversifiées de par leur aspect, leur cycle de vie et leur origine géographique, sont nécessaires à l’enseignement de la botanique. Des constructions de tous types, à la pointe des innovations techniques du moment, sont donc édifiées pour abriter et cultiver ces végétaux au sein du jardin botanique :
- le complexe des serres détruit suite à un orage de grêle en 1958 et remplacé en 1967 par l’actuel institut de botanique,
- la serre aquarium ou Victoriahaus, aujourd’hui appelée serre Anton de Bary en hommage au fondateur de l’institut, et
- l’alpinum et des bassins pour les plantes aquatiques.
Proche de ces collections vivantes, le bâtiment de l’ancien institut, dont les espaces d’enseignement et de recherche sont abondamment éclairés par la lumière naturelle qu’amènent les grandes fenêtres, bénéficie en outre à l’origine d’un appartement privé et d’une serre expérimentale pour le directeur. Le tout constitue un ensemble entièrement intégré, dédié à la pédagogie de la botanique.
L’Institut et musée de zoologie
L’Institut et musée de zoologie est l’œuvre de l’architecte Otto Warth de 1890 à 1893. Edifié lors de la seconde phase de travaux de l’université impériale, sur la parcelle longeant l’actuelle rue de l’Université au sud, le bâtiment abrite les activités d’enseignement et de recherche au rez-de-chaussée, et celles du musée aux trois étages supérieurs. Musée et institut sont néanmoins nettement séparés, chacun disposant d’une entrée indépendante. La fonctionnalité des espaces se traduit non seulement dans la distribution mais aussi dans l’équipement : outre les salles de cours et de travail, l’institut disposait à l’origine de terrariums, d’aquariums et d’un étang installé dans le jardin pour la faune aquatique. Quant au musée, on y pénètre par un escalier monumental orné de peintures murales réalisées par Anton Seder. Les collections présentées, pour certaines sans grande modification depuis l’installation du musée, ont pour origine le cabinet d’histoire naturelle constitué au XVIIIe siècle par Jean Hermann. Elles ont par la suite été développées par les directeurs successifs du musée, lors de dons, achats et échanges, pour aboutir à un fonds de plus de 1 500 000 spécimens.
Hermann Eggert 1878-1881
Le bâtiment de l’institut a été conçu par l’architecte Hermann Eggert de 1878 à 1881. En forme de H, il tient compte dans sa disposition de trois impératifs : la présence d’un grand amphithéâtre, de locaux dédiés à la recherche mais aussi aux travaux pratiques pour les étudiants. Ces espaces sont tous nettement séparés par une partie médiane au centre de laquelle on trouve une haute tour carrée. Creuse et dépourvue de matériaux ferreux, celle-ci est destinée aux expériences pendulaires ou à celles portant sur la gravité. Le décor extérieur de l’institut fait référence aux principales disciplines enseignées, comme sur le fronton de l’aile ouest, montrant des allégories de l’acoustique, l’électricité et l’optique. Quant aux reliefs de la façade sud, on peut y voir, en référence à Aristote, une allégorie de la maîtrise des éléments de la nature – la terre, l’air, l’eau et le feu - par la physique.
L’institut de chimie actuelle Faculté de psychologie
Conçut également par Hermann Eggert de 1878 à 1882, l’Institut de chimie clôture au nord le domaine universitaire et présente côté jardin sa façade principale, ornée dans sa partie centrale d’une allégorie des sciences chimiques. Grâce aux fenêtres en vis-à-vis, la forme allongée du bâtiment, sans aile ni cours, permet à l’ensemble des salles de recevoir la lumière du jour de façon efficace tout en bénéficiant d’un brassage complet de l’air. Elle facilitait également l’acheminement de l’eau et des produits chimiques ainsi que l’évacuation des émanations. L’organisation symétrique de l’édifice permet de réserver l’aile est aux salles de travail et d’enseignement de la section de chimie organique et l’aile ouest à la chimie inorganique, la partie médiane abritant les espaces à usage commun comme la bibliothèque. Utilisé jusqu’à son déménagement dans la tour de chimie de l’Esplanade dans les années 1960, le bâtiment est aujourd’hui occupé par la Faculté de psychologie.
Achevé en 1890, l’Institut de géologie est réalisé d’après les plans de l’architecte strasbourgeois Max Issleiber.
Le bâtiment a été conçu selon les préconisations des directeurs des trois sections qui le composent : la paléontologie, la minéralogie et la pétrographie (description des roches). Il intègre également le service de la carte géologique d’Alsace-Lorraine bien qu’il ne s’agisse pas d’un organisme universitaire.
Au-dessus de ses trois anciens niveaux, le dernier étage tranche par son allure moderne, fruit d’une reconstruction après un incendie de 1967 qui détruisit une partie des collections.
Sur le plan technique, l’édifice dispose d’un équipement ultra moderne pour l’étude physique et chimique des matériaux. Il bénéficie dès l’origine de l’électricité qui alimente les ateliers de découpe, les appareils de spectrométrie, ainsi que le chauffage et l’éclairage des salles de conférence.
Le musée de minéralogie de l’université est riche de 30 000 échantillons encore présentés aujourd’hui dans leur mobilier à leur emplacement d’origine au premier étage. La collection est constituée dès 1872 par Paul Groth, premier directeur de l’institut et fondateur d’une classification moderne des matériaux. Son successeur, Hugo Bücking, la complète d’une collection de météorites.
Les collections paléontologiques et géologiques de l’institut intègrent celles du muséum d’histoire naturelle de la ville et celles du service de la carte géologique. Les roches et fossiles proviennent en grande majorité de l’espace régional.