25/06/20
23 élus aux conseils centraux de notre université ont jugé bon de démissionner de leur mandat à quelques mois des élections universitaires dans le contexte de crise covid-19. Ils l’ont fait sans préavis, sans discussion préalable, au lendemain d’une réunion du Congrès de l’Université (instance qui réunit le Conseil d’Administration (CA), la Commission de la Recherche (CR), la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) et le Comité Technique d’Établissement ou CTE) au cours de laquelle ils se sont comme d’habitude exprimés, mais sans évoquer leur intention.
Cette démission est surprenante. Cependant, avec l’ensemble de l’équipe de présidence, je veillerai à ce qu’elle n’empêche pas le bon fonctionnement habituel de nos institutions et de nos conseils, et cela jusqu’aux échéances électorales programmées en fin d’année.
Je n’entrerai pas dans la polémique, mais je me dois tout de même rappeler quelques faits d’abord, et préciser quelques idées ensuite.
Le budget complet de l’université, recherche, formation, services, est d’environ 530 millions d’euros, et ce budget détaillé est, cela va de soi, soumis au CA chaque année, et au contrôle de légalité. Il intègre l’ensemble des crédits mis à disposition des responsables d’entités, quelle que soit la nature des activités et des sources de financement. J’observe en passant que le budget 2020 a été approuvé à l’unanimité par le CA, y compris donc par certains élus démissionnaires.
Le budget des deux Fondations est alimenté pour l’essentiel par des donateurs. L’université apporte certes une contribution, indispensable au fonctionnement de ces dernières, qui est, cela va de soi validée par le CA. Ce n’est donc pas au CA de l’université, mais aux instances de la Fondation qu’il incombe de vérifier l’usage certifié annuellement par un commissaire aux comptes et un représentant de l’Etat, la Rectrice.
Le budget de l’IdEx, issu d’un appel à projets du PIA 1, est géré en partenariat avec le CNRS et l’INSERM, contrôlé par l’ANR lors de la phase probatoire, et le Secrétariat général pour l'investissement (SGPI), qui dépend du premier ministre. Son usage fait l’objet de nombreuses discussions en Commission de la Recherche ou en CFVU. Il est décidé par un comité de pilotage, où sont représentés le CNRS, l’INSERM et l’université. Reste que nombre de décisions, dont les choix scientifiques, tels ceux de l’USIAS, sont validées par des commissions de pairs, ce qui est le fonctionnement normal de la science aujourd’hui.
La LPPR est un projet de loi du gouvernement porté par notre ministère de tutelle, le MESRI. Chacune et chacun de nous peut évidemment avoir son avis au sujet de cette loi. En ce qui me concerne, et je l’ai dit à Madame la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche la semaine dernière, je suis en désaccord avec plusieurs articles de ce projet. Avec 9 autres présidents d’universités IdEx, j’en ai demandé le report afin de permettre la prise en compte de nos souhaits d’amendements. Je l’ai d’ailleurs dit en Congrès le 23 juin, en présence des élus qui ont démissionné. Catherine Florentz, première vice-présidente, a ouvert un groupe de discussion « Ernest » pour permettre aux élus d’exprimer leur point de vue sur le texte dans son format actuel. J’ai souhaité ouvrir cet espace à tous les élus du Congrès.
Cela dit, tout dans la LPPR n’est pas, à mon avis, à rejeter. Plus largement, je défends, et défendrai, avec mon équipe, et je pense avec beaucoup d’entre vous, un modèle d’université ouverte, créative, inclusive, agile telle que vous l’avez décrite dans le projet Cap2030, démarche pionnière dans une université française, que nous avons voulue et à laquelle nous vous avons tous invités à participer. Cela a donné naissance au Document d’Orientation Stratégique validé à une large majorité par le Congrès du 28 janvier dernier. Une université où les difficultés ne manquent pas, il est vrai. Mais une université bouillonnante de projets, d’innovations et de réussites !
Les élus démissionnaires ont voulu saisir la rectrice d’Académie et la Présidente de la troisième chambre de la Cour des Comptes en charge du contrôle des établissements de l’ESRI. Je relève simplement que le rectorat, autorité de contrôle de légalité et budgétaire, présent à chaque CA, n’a jamais émis la moindre réserve sur le caractère légal de nos documents budgétaires et comptables. Quant à la Cour des Comptes, j’avais pris l’initiative, saluée par la Cour, de présenter au CA en 2017 le suivi des recommandations de son dernier audit de gestion.
Un prochain rapport de gestion de la Cour des Comptes est attendu dans les semaines qui viennent, suite à une longue procédure de contrôle en période de confinement. Quel que soit son contenu, je le communiquerai, comme je l’ai fait pour le premier. Nous verrons donc tous ce qu’il en est de « l’utilisation sincère et honnête des fonds publics confiés à l’Université ». Le dialogue constructif avec les auditeurs de la Cour me conforte dans la sérénité quant aux conclusions et recommandations que ce rapport formulera.
En attendant, je continuerai, avec toute mon équipe et avec vous, à travailler au service de notre université. Une université de prix Nobel, mais qui mène une politique ambitieuse en faveur des étudiants, de leur réussite et de leurs conditions de travail et de vie. Avec l’équipe de présidence et les élus qui nous soutiennent, nous poursuivons notre travail au service de cette belle université qui accomplit ses missions à la recherche d’une excellence inclusive, qui doit permettre la réussite de tous, étudiants, personnels biatss et enseignants-chercheurs.
Michel Deneken
Président de l’Université de Strasbourg