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31/05/16
Depuis 2013 l’Université de Strasbourg propose un dispositif innovant : le double cursus médecine-sciences. Cette formation d’excellence, labellisée Idex, permet aux étudiants en médecine ayant un fort attrait pour la science de préparer un master ou un doctorat dans la discipline scientifique de leur choix, en parallèle de leurs études de santé.
Lorsque Valérie Lamour a réalisé son post-doctorat à la Rockfeller University de New York, elle y a découvert le MD-PHD ou « Medical scientist training ». Ce système, en place depuis les années 1970 aux États-Unis, a pour but de permettre aux étudiants de médecine de préparer un doctorat en sciences. De retour à Strasbourg, elle a entrepris de mettre en place un dispositif équivalent : « Je connaissais le responsable du dispositif existant dans les universités Paris 5 et Paris 7 et compte tenu du contexte de recherche strasbourgeois et de sa reconnaissance, il y avait là une occasion de lancer ce type de programme ». Avec le soutien de la Faculté de médecine, où elle enseigne la biologie, et de chercheurs de différents laboratoires strasbourgeois, elle a répondu à un appel à projets Idex, qui lui a permis d’obtenir les financements nécessaires à la création de ce double cursus.
Le double cursus médecine-science ne délivre pas de diplôme à part entière, mais permet aux étudiants en deuxième année de médecine de suivre, en plus de leur cursus de santé, des cours en sciences qui approfondissent les notions fondamentales abordées en Première année commune des études de santé (Paces). 90 heures de cours sont ainsi délivrées tout au long de l’année, à raison d’une demi-journée par semaine, en lieu et place des enseignements complémentaires optionnels. Deux semaines de travaux pratiques en laboratoire, afin de connaître et maîtriser les méthodes de manipulation propres au milieu de la recherche, sont également programmées. À cela s’ajoutent des stages à réaliser durant l’été dans l’un des nombreux laboratoires strasbourgeois partenaires, ou même à l’étranger.
Les enseignements reçus sont validés par contrôle continu et contrôle semestriel (en janvier et juin). L’inscription en double cursus demande donc un investissement en temps et en travail non négligeable et une réelle motivation.
En 3e année de médecine, les étudiants bénéficient d’un accompagnement personnalisé pour choisir le master qu’ils vont préparer. Chaque étudiant est libre de choisir le domaine scientifique qui l’intéresse : physique, chimie, sciences de la vie, etc. Les étudiants préparent puis valident les UE de master 1 afin d’obtenir les crédits ECTS nécessaires à leur entrée en master 2 par équivalence.
À l’issue de cette troisième année, les étudiants sont invités à marquer une pause dans leur cursus de médecine afin de s’inscrire en Master 2 et suivre leur formation durant un an. Leur diplôme en poche, ils peuvent reprendre leurs études de médecine, ou bien poursuivre leur cursus scientifique par une thèse dite « précoce ».
L’objectif de ce double cursus est de permettre aux étudiants d’acquérir une double compétence et de former leur esprit à une démarche scientifique. Comme l’explique Valérie Lamour : « La démarche scientifique est transversale. Elle forme l’esprit à une certaine façon de poser les questions et d’y répondre ».
Tous les étudiants n’ont pas vocation à devenir des chercheurs à temps plein à l’issue de ce cursus, mais à être en capacité de comprendre les recherches en cours de réalisation et d’y prendre part, voire même d’en initier. Cette formation est d’autant plus d’actualité que la recherche translationnelle, qui consiste à dresser davantage de passerelles entre la recherche scientifique fondamentale et la recherche clinique, connaît un essor important.
Si les double-cursus médecine-science sont encore rares en France (celui de l’Unistra est le seul en province), ils suscitent beaucoup d’intérêt de la part de facultés de médecine et de centres hospitaliers par leur capacité à former des futurs médecins aux compétences multiples, à la pointe de la recherche biomédicale. Ce dispositif démontre que s’inscrire dans des études de médecine ne ferme pas des portes, bien au contraire, mais permet d’élargir le champ des possibles.
Edern Appéré