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28/09/16
Université Entreprise / partenaire
Initiée par l’Elysée et pilotée par l’Université de Strasbourg côté français, l’Université franco-azerbaïdjanaise (Ufaz) a ouvert ses portes le 15 septembre. Retour sur ce partenariat en compagnie d’Eckhart Hötzel, directeur de l’Institut de traducteurs, d'interprètes et de relations internationales (Itiri) et porteur du projet pour l’Unistra.
Pouvez-vous nous retracer l’origine de ce partenariat ?
Le projet a été lancé en 2014 à la suite d’une visite du président français en Azerbaïdjan. À cette occasion, les présidents des deux pays ont décidé de construire une université franco-azerbaïdjanaise (Ufaz). Pour la France, l’objectif était d’asseoir sa présence académique dans un pays émergent à travers une coopération ciblée, à l’instar de l’Institut Sorbonne-Kazakhstan, qui existe depuis 2014. Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg, et moi-même, avons donc été conviés à une première réunion à l’Elysée. À l’époque, l’idée était que plusieurs universités françaises soient partenaires du projet. Finalement, après plusieurs visites dans le pays et à la demande expresse de Bakou, l’Unistra a pris la tête du projet pour organiser et mettre en place trois licences Génie chimique, Sciences informatiques et Géophysique. À celles-ci s’ajoute une quatrième licence Instrumentation pour l’exploration et l’exploitation pétrolière, pilotée par l’Université de Rennes.
Quelle est l’ambition du projet pour l’Azerbaïdjan et quel est l’intérêt du partenariat pour l’Université de Strasbourg ?
L’Azerbaïdjan paye à prix fort de nombreux spécialistes étrangers. Le pays souhaite désormais changer de stratégie et bénéficier d’une expertise française pour former ses propres spécialistes dans des domaines stratégiques tels que l’industrie pétrolière, entre autres. Pour l’Université de Strasbourg, l’intérêt pourrait être de recruter d’ici quelques années de très bons étudiants étrangers dans le cadre de doctorats. Mais l’enjeu reste d’abord de construire toute une filière là-bas.
Les étudiants français pourront-ils étudier à l’Ufaz ?
Pour l’instant, ce n’est pas prévu. Il faut avoir à l’esprit que ce projet n’est pas un programme de type Erasmus. Ce sont des diplômes français délocalisés à Bakou et destinés avant tout à former les étudiants du pays.
Justement, comment s’est fait le recrutement des étudiants azerbaïdjanais ?
En Azerbaïdjan, un bac ne suffit pas pour étudier à l’université. Il faut d’abord réussir un examen national d’admission aux universités. Ceux qui sortent en tête de classement ont un accès privilégié aux meilleures universités azerbaïdjanaises et c’est ce groupe que le ministère de l'Éducation a autorisé à passer les admissions à l'Ufaz. Parmi quelque 350 candidats, nous en avons sélectionné 160, à l’issue d’un second concours, qui visait à tester leurs connaissances dans les disciplines enseignées (chimie, physique et mathématiques-informatique) et leur maîtrise de l’anglais, les cours se faisant dans cette langue.
Comment seront organisés les cours ?
L’Azerbaïdjan, qui finance entièrement ce projet, avait une exigence : que 50 % des cours soient assurés par une équipe pédagogique française. Nous avons donc recruté deux jeunes enseignants-chercheurs à plein temps. Tous deux seront basés sur place. À terme, il y aura quatre permanents. Le reste des cours à pourvoir sera assuré par des missions ponctuelles d’enseignants-chercheurs français. Nous espérons aussi que des collègues d’autres universités se joignent au projet. D’autre part, la licence se déroule en quatre ans là-bas, soit une année de plus qu’en France. Nous profiterons de cette année supplémentaire pour faire suivre aux étudiants une, voire même deux années communes d’enseignements, avant de leur proposer une spécialisation.
L’Ufaz va monter en puissance ?
Absolument, l’objectif est de mettre en place des masters dans la suite logique des licences mais aussi de diversifier l’offre. L’École et observatoire des sciences de la Terre (Eost) proposera, par exemple, un master très spécifique autour de la sismologie. Nous y réfléchirons véritablement à partir de l’année prochaine. Pour l’heure, la priorité est de réussir la rentrée et de faire en sorte que les licences fonctionnent bien.
Propos recueillis par Ronan Rousseau